Affaire Montcharmont : au-delà du mythe…

« L’affaire Montcharmont » est bien connue en Morvan. Ce forgeron et braconnier de Saint-Prix, guillotiné pour avoir tué un gendarme venu l’arrêter et assassiné le garde champêtre du village est considéré depuis toujours comme un héros, défenseur des sans-grades face aux notables locaux et à l’aristocratie terrienne, d’autant que les conditions de son exécution lui ont valu le soutien du grand Victor Hugo et de son fils Louis.

Beaucoup de choses ont été écrites sur cette affaire, des films ont été tournés, des pièces jouées, la plupart basés sur un principe qui place Claude Montcharmont en position de victime. Une vision de l’affaire qui choque Magali Meunier (que nous avions rencontrée au Moulin de Chazeu, Vents du Morvan n°48)…

VdM : Montcharmont, « le Robin des Bois du Morvan », cette image vous chagrine ?

Magali Meunier : Claude Moncharmont n’a jamais été un Robin des bois du Morvan ; coureur des bois certes mais pas redresseur de torts entrainant les manants à sa suite !

L’image qui a été forgée de Moncharmont et la façon dont on raconte l’histoire me dérangent parce qu’elles sont construites sur une interprétation erronée et partisane de ceux qui avaient, à des titres divers, intérêt à présenter cette figure héroïsée d’un pauvre criminel.

Je suis aussi choquée par la façon dont on a traité le malheureux garde-champêtre assassiné, sans rien savoir de lui. Mais il fallait qu’il soit un horrible bonhomme pour rendre l’assassin excusable. Cette affaire me touche particulièrement parce que le garde-champêtre Antoine Gauthey est mon trisaïeul, le grand-père de mon grand-père maternel. J’ai donc essayé d’en savoir un peu plus et j’ai une autre lecture de l’affaire Moncharmont que celle trop facilement présentée.

VdM : Sur quels témoignages pouvez-vous vous appuyer pour rectifier l’image sombre généralement donnée d’Antoine Gauthey et de son rôle dans cette affaire ?

M. M. : Vous posez la question de témoignages. Il n’existe pas de témoignages directs de l’époque. Il existe de rares témoignages de descendants directs ou indirects et quelques opinions recueillies auprès des anciens du village de Saint-Prix. Lorsqu’on consulte les archives des enquêtes et du procès, on constate qu’il y a très peu de choses sur Antoine Gauthey (quelquefois appelé François). Il est mort. Il n’intéresse pas ! Et ceux qui ont écrit sur « l’affaire Montcharmont » n’ont jamais cherché à savoir qui était vraiment Gauthey.

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Extrait d’un article paru dans Vents du Morvan 55. Si vous désirez vous procurer ce numéro, cliquez ici. Vous pouvez également vous abonner ici.

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